Niclausse Paul 1879 – 1958 : C’est toute la sculpture qui entrait dans l’atelier, avec lui : le Parthénon, la cathédrale de Chartres. Grand, calme, un demi sourire suggéré dans sa barbe blanche, bien taillée. Il enseignait sans théorie, peu de paroles, un regard chaleureux, une pression de la main sur l’épaule « continuez ». Il n’avait pas d’enfants. Ses élèves occupaient le vide. Avec Léon Deshaires, directeur des Arts Décoratifs, qui l’avait nommé professeur, il m’a donné l’usage d’un atelier libre, où j’ai fais la « Maternité » (posée par Raymonde, le modèle préféré des A.D.) qui, à Metz, placée sur le socle de la statue élevée à la gloire du soldat allemand, détruite en 1918 par les français, glorifie maintenant « Les Mères françaises ».
Avec Dandelot et Coulon, nous avons travaillé à ses grandes commandes officielles, qui étaient une revanche sur sa vie campagnarde, imposée par un besoin de grand air, qui a duré 40 ans et lui a permis de faire ses œuvres le plus originales.
Démoralisé par la robe de chambre rouge enfilée sur un mannequin allongé avec le masque mortuaire et au bout des manches, le moulage des mains de son ami Jean-Pierre Laurens, Niclausse m’a demandé de modeler le « gisant » qui est dans une niche à l’intérieur de l’Eglise N.D. du Calvaire.
Il ne faut pas s’étonner de voir, en bas de la robe, surgir des pieds d’archange. Ce sont ceux de Raymonde, vus par Niclausse. S’étant foulé le poignet en tombant d’une sellette au moment où il commençait, pour la ville de Metz, l’étude du monument « Aux Morts de la Guerre de 14-18 », il m’a obtenu un sursis de 6 mois pour mon service militaire. J’ai modelé en terre le groupe principal d’après sa maquette, une « Piéta » laïque. Dandelot posait pour le gisant sur les genoux de Raymonde, qui représentait la ville de Metz. L’exécution en pierre a été réalisée par Bouroux. Coulon a modelé les bas-reliefs de la « Famille » et les deux soldats debout qui, sur le mur, isolait le monument du jardin environnant. (Ils ont été détruits par les allemands pendant la guerre) Il était fait pour l’art indépendant : portraits, nus. Selon son inspiration.
Il m’a fait connaître tous les sculpteurs importants de sa génération et Madame Laurens. Après la guerre de 40, il est devenu Maître à l’école des Beaux-Arts, et membre de l’Institut.
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